Le remplissage par 20000 tonnes de liquide scintillant du gigantesque détecteur JUNO enfoui en Chine sous 700 mètres de roche s’est terminé avec succès fin août. Et très vite, les plus de 40000 yeux de ce colosse ont commencé à observer des neutrinos. Placé en un point stratégique à la croisée des flux de neutrinos produits par deux centrales nucléaires, JUNO étudiera cette particule énigmatique avec une précision et une efficacité inédites. Son ambition est entre autres de percer le mystère de la masse des neutrinos. Les découvertes à venir au cours des 30 années d’exploitation du détecteur pourraient bouleverser les connaissances actuelles sur la compréhension de l’Univers et ouvrir la voie à une nouvelle physique au-delà du Modèle Standard.
L’IPHC a construit et installé un élément clé pour la qualité des données de JUNO : le Top Tracker. Ce détecteur secondaire, créé à partir des éléments de l’expérience OPERA, est placé au-dessus de la sphère principale de JUNO et aura pour fonction de discriminer les muons cosmiques.
Les mois à venir vont être consacrés au conditionnement des détecteurs, dompter la bête en quelque sorte. La prise de données pour la physique, qui a déjà commencé, pendra son plein envol en début 2026. La longue quête amorcée il y a près de 90 ans prend dès maintenant un nouveau souffle.

© IHEP / Liu Yuexiang for the JUNO collaboration
