Partie de Brest le 16 juin dernier, la mission NODSSUM à laquelle prend part l’IPHC est rentrée ce vendredi 11 juillet. Pendant un mois à bord de L’Atalante, les scientifiques ont sondé les profondeurs des plaines abyssales du nord-est de l’Océan Atlantique à la recherche de déchets radioactifs.
Leur objectif :
- repérer et cartographier des fûts de déchets radioactifs,
- échantillonner des sédiments, de l’eau et des poissons à distance des fûts,
- inspecter optiquement les fûts.
La mission a réussi à repérer et cartographier 3355 fûts, prélever 5000 litres d’échantillons d’eau, réaliser 345 carottages du plancher océanique et capturer 34 spécimens de poissons et crustacés (grenadiers et amphipodes). Une partie de ces échantillons sera analysée à l’IPHC.
Les fûts concernés par cette opération font partie des 300000 fûts de déchets radioactifs de faible activité envoyés entre 1949 et 1982 par de nombreux pays par 5000 mètres de fond dans l’Océan Atlantique, majoritairement dans un abysse en bordure du bassin ouest-européen.
Les matériaux radioactifs y sont piégés dans une matrice de béton et de bitume initialement conçue pour garantir le confinement des déchets pour une vingtaine d’années. Un suivi a été effectuée jusque dans les années 90, montrant des traces de transfert vers l’environnement, sans impact significatif sur la biosphère. D’autres campagnes de mesures ont suivi, avec des moyens et des résultats limités. Les données sur la composition, la position et l’état de conservation des fûts étant limitées, le CNRS et de nombreux partenaires se sont mobilisés pour créer le projet « Nuclear Ocean Dump Site SUrvey and Monitoring » (NODSSUM).
Les nouvelles données collectées révèlent un état de conservation variable des fûts, mais n’aucune contamination environnementale visible. Les mesures de radioactivité fines en laboratoire sur les sédiments, eaux et organismes nécessiteront plusieurs mois de travail et permettront un diagnostic plus fiable sur la dissémination du contenu des fûts. Les campagnes à venir permettront de réaliser des analyses en 3D et des prélèvements sur les sédiments et les communautés biologiques à proximité immédiate des fûts.





Légendes :
1) Fût photographié par l’AUV UlyX à 4700 m de profondeur
2) Fût photographié par l’AUV UlyX à 4700 m de profondeur
3) Le carottier Oktopus à 12 tubes préserve l’interface eau-sédiment, ce qui est essentiel pour détecter les radionucléides provenant des barils ou des retombées en surface.
4) Vérification du robot autonome sous-marin (AUV) Ulyx par l’équipe de radioprotection de CNRS Nucléaire & Particules au retour d’une plongée dans la zone de versement de résidus radioactifs de l’Atlantique Nord-Est lors de la mission Nodssum-I (juin 2025). Image : Flotte Océanographique Française – NODSSUM Cruise (J. Escartín)
5) Cage avec deux poisons (grenadiers) vivant en eaux profondes capturés dans la zone de versement de résidus radioactifs de l’Atlantique Nord-Est lors de la mission Nodssum-I (juin 2025). Ces cages ont été conçues et fabriquées au Laboratoire de Physique Clermont Auvergne (LPCA). Image : Flotte Océanographique Française – Campagne NODSSUM (B. Ildefonse)